Concrètement, c’est quoi un talent ?

« Tout petit ? J’étais déjà gentil. Par empathie : je n’aimais pas voir les autres souffrir ou être malheureux. Et puis j’étais timide : alors je me réfugiais dans la gentillesse, pour que l’on m’aime, et parce que je ne savais pas dire non. Mais au-delà de cette nécessité, j’ai vu aussi que c’était utile d’être gentil : très efficace pour se faire apprécier et pour se faire aider.

« En grandissant, j’ai compris plus clairement encore que la gentillesse était une force. Mais à étoffer. Par exemple, j’ai appris à m’affirmer (dire non, donner mon avis) tout en restant gentil. S’affirmer et être gentil, c’est tout à fait compatible. Les gens pensent que pour s’affirmer, il faut cesser de l’être. Non ! Je le rappelle souvent à mes patients : ne soyez pas moins gentils, mais plus affirmés !

« Depuis que je suis devenu médecin, la gentillesse est à mes yeux une nécessité absolue, indiscutable. Je m’efforce d’en faire chez moi la règle, l’habitude. Pour les personnes qui souffrent, elle est d’une douceur infinie. […]

« Chaque jour, je m’applique donc à une gentillesse joyeuse. Je suis moins souvent que jadis dans la gentillesse “aimez-moi”, davantage dans la gentillesse “je vous aime et j’aime la vie”. Être gentil me rend heureux. Et être heureux me rend gentil. Trop de chance ! »

(Christophe André, médecin psychiatre, auteur.)

Ce témoignage de Christophe André illustre bien ce qu’est un talent : quelque chose que nous faisons avec facilité ou sans effort, qui peut être utile, efficace, positif.
Son talent, la gentillesse, est utile pour se faire apprécier ou apaiser ses patients (résultat positif). Lorsqu’il est dans la gentillesse – « je vous aime et j’aime la vie » –, cela le rend heureux. Et être heureux le rend gentil (cercle vertueux et enthousiasme).

Selon l’entreprise Gallup qui a réalisé pendant plus de 40 ans des études sur le sujet, nos talents sont ce que nous « pensons, sentons, faisons naturellement. »
Le talent, le génie, l’aptitude, les qualités, peu importe comment on l’appelle finalement, se manifeste concrètement dans nos habitudes, nos meilleures habitudes, celles qui sont utiles, efficaces et peuvent apporter des résultats positifs. Elles nous dynamisent, nous motivent (mettent en mouvement), suscitent notre enthousiasme et peuvent entraîner un cercle vertueux.

Pour connaître vos talents, le jeu consiste à fouiller dans votre histoire depuis l’enfance, afin de déterminer les réponses à ces questions :
Qu’est-ce que j’ai l’habitude de penser avec facilité ? De ressentir ? De faire ?
Parmi ces habitudes, lesquelles me dynamisent, me motivent et suscitent mon enthousiasme ? Lesquelles sont positives, efficaces, utiles pour moi et pour les autres ? Alors votre premier défi, si vous l’acceptez, c’est de vous amuser à identifier vos habitudes. Puis celles qui peuvent apporter des résultats positifs.

Un talent peut parfois sauter aux yeux : un chanteur dont la voix vous file des frissons, par exemple. Et parfois non : quelqu’un d’empathique qui n’arrive pas à agir, car trop submergé par les émotions des autres.
C’est un potentiel qui peut devenir une force, une ressource s’il est bien utilisé.
Connaître nos talents requiert une attention particulière, un effort pour dénicher, révéler ce que nous faisons avec facilité, sans effort. Nos pensées, sentiments, actions et réactions spontanées. Cela nécessite d’explorer et demande un minimum d’optimisme : un chercheur d’or espère en trouver.
Cela peut exiger une sortie des carcans et des limites que nous nous imposons sur nos capacités. Notre seul défi ici est de connaître notre façon à nous, notre manière spécifique, unique de ressentir, de penser, de voir et d’agir sur le monde. Cela vaut le coup, car c’est ce que nous avons de plus génial à offrir.

Tentant, non ?

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